Press release
PARIS, le 2 février 2023 – Selon le cinquième rapport annuel de Bain & Company consacré au marché mondial des fusions-acquisitions, qui paraît aujourd’hui, les dirigeants d’entreprise comptent toujours sur la croissance externe comme moteur de création de valeur pour l’année 2023. Bien que les montants en jeu aient considérablement baissé en 2022, avec une chute de 36 % de la valeur des opérations, l’étude de Bain confirme que les fusions-acquisitions continuent de jouer un rôle central dans la stratégie de croissance et de rentabilité des entreprises.
Le rapport s’appuie sur une enquête menée par Bain en octobre 2022 auprès de presque 300 responsables des fusions-acquisitions, qui s’attendent à ce que le nombre d’opérations menées à bien en 2023 soit au moins égal à celui de l’année dernière. Les dirigeants interrogés se montrent confiants dans la capacité de création de valeur des opérations de croissance externe, en précisant que près des deux tiers des acquisitions effectuées au cours des trois années précédentes avaient atteint, voire dépassé, les attentes initiales.
L’étude de Bain montre que la valeur des opérations stratégiques a reculé plus vite que leur volume. En 2022, les multiples médians des opérations stratégiques sont retombés à leur plus-bas en dix ans, à 11,9 fois, après avoir atteint un sommet historique en 2021. Cette érosion des multiples, conjuguée à la pause observée pour les « méga-deals » en milieu d’année, explique le décrochement plus marqué du volume des fusions-acquisitions en regard de l’activité. Les reculs les plus marqués concernent les opérations portant sur les secteurs de la technologie et de la santé-sciences de la vie.
L’expérience des dernières crises économiques incite à miser sur une stratégie de croissance externe, qui constitue une excellente occasion pour les repreneurs de se lancer dans des projets ambitieux. Les actifs n’ont jamais été aussi abordables depuis des années et les opérations d’extension du cœur de métier (« scope deals ») offrent aux entreprises de véritables opportunités de se renforcer sur leur modèle historique ou d’ouvrir des options stratégiques.
Bain a passé au crible la stratégie de fusion-acquisition de presque 2 900 sociétés pendant la crise de 2008-2009, pour arriver à la conclusion que les entreprises impliquées dans des opérations de croissance externe affichaient des performances supérieures aux autres, mesurées par un rendement pour l’actionnaire plus élevé.
« Après cinq mois d’activité à des niveaux comparables à la dynamique pré-pandémique, le marché s’est retourné en juin 2022, incitant de nombreuses entreprises à interrompre leurs opérations de croissance externe », explique Les Baird, qui dirige l’équipe Fusions, Acquisitions et Cessions au niveau mondial pour Bain. « Compte tenu des leçons tirées des périodes de crise économique passées, nous pensons que 2023 offrira de nombreuses opportunités aux repreneurs bien préparés désireux de mener des opérations stratégiques ambitieuses. L’expérience montre que, face à l’incertitude, une due diligence proactive et poussée peut se traduire par un avantage concurrentiel en termes de rapidité et de qualité des opérations. »
Le relèvement des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine et les conditions macroéconomiques, qui ont freiné le marché des fusions-acquisitions, ont constitué les facteurs les plus influents du second semestre 2022. Bain a observé des changements imprévus dans la conduite des opérations, parallèlement à la persistance des tendances de long terme.
L’étude met en avant cinq grands thèmes qui devraient caractériser le marché des fusions-acquisitions en 2023 :
- des projets stratégiques de grande ampleur, menés par des acquéreurs disposant d’une confortable réserve de trésorerie ;
- la persistance d’une majorité d’opérations de taille petite à moyenne ;
- un équilibre entre les opérations destinées à accroître la taille des entreprises (« scale deals ») et celles qui visent une extension du cœur de métier (« scope deals ») ;
- une pression accrue sur les valorisations ;
- une restructuration des portefeuilles des entreprises au moyen de cessions et de scissions.
L’étude montre également comment les entreprises peuvent recourir aux fusions-acquisitions pour passer à la vitesse supérieure en matière d’innovation, gagner en vitesse et en qualité grâce à une due diligence plus proactive et plus poussée, et préserver la valeur en phase d’intégration en veillant à combler les failles culturelles. Le rapport propose également 14 panoramas sectoriels couvrant notamment les domaines de la santé, de l’énergie et des industries diversifiées, ainsi qu’une analyse détaillée de quatre pays.
La phase attentiste devrait enfin arriver à son terme dans la santé et les sciences de la vie
En 2022, le nombre d’opérations stratégiques du secteur de la santé a baissé de plus de 30 % et la taille moyenne des transactions a reculé de 15 %. Les multiples médians des opérations stratégiques ont reculé de cinq crans, à 15,1 fois, après avoir atteint leur plus-haut historique de 20,3 fois en 2022. En ce qui concerne 2023, les opérations géantes du dernier trimestre 2022 laissent prévoir une reprise de l’activité de croissance externe. Les tendances de long terme qui sous-tendent les fusions-acquisitions dans la santé restent vigoureuses. Pour tous les segments de ce secteur, une croissance (externe ou interne) d’un point de pourcentage dégage un retour pour l’actionnaire quatre fois plus élevé en moyenne qu’une hausse de la marge d’EBITDA d’un même point de pourcentage. Les niveaux de trésorerie sont confortables, les 25 principaux acteurs de la pharmacie, des medtechs et de l’assurance-maladie privée disposant tous de liquidités au moins égales à 15 % de leur chiffre d’affaires des douze derniers mois. En 2023, les laboratoires pharmaceutiques pourraient être à l’origine d’un redémarrage de l’activité des fusions-acquisitions car il leur faudra trouver les moyens de combler le déficit de croissance que pourrait causer l’expiration de 100 milliards de dollars de brevets à l’horizon 2030.
La transition énergétique devrait s’arroger une place prépondérante
La répartition des actifs évolue à toute allure dans le domaine de l’énergie et des ressources naturelles. Une enquête auprès des responsables des fusions-acquisitions montre que 80 % des dirigeants du secteur de l’énergie songeraient à se séparer d’une manière ou d’une autre de certains pans de leur activité. Au cours des neuf premiers mois de 2022, les cessions ont atteint en tout 250 milliards de dollars. Dans le même temps, l’étude de Bain dénote une montée en puissance des acquisitions destinées à faire avancer la transition énergétique, qui représentent aujourd’hui 27 % du total des opérations dans l’énergie et les ressources naturelles, contre 21 % en 2021. Cette tendance a toutes les chances de se poursuivre sachant que 72 % des responsables des fusions-acquisitions interrogés par Bain pensent que les opérations futures porteront sur de nouveaux domaines ou sur la création de nouveaux moteurs de croissance. Les entreprises de l’énergie et des ressources naturelles peuvent consacrer à ces investissements une trésorerie disponible bien plus abondante (300 milliards de dollars) que n’importe quel autre secteur. Bain remarque que les opérations associées à la transition énergétique présentent un profil de risque-rendement différent de ce que l’on constatait jusqu’ici et qu’elles nécessitent une approche radicalement différente de la création de valeur. Les entreprises les plus performantes seront celles qui auront compris à quel point ces opérations de renforcement du cœur de métier diffèrent de la quête de croissance tous azimuts qui a caractérisé le secteur pendant des dizaines d’années, et qui sauront adapter leur stratégie en conséquence.
La dimension ESG représente un atout décisif pour l’industrie
Dans un contexte d’érosion des opérations de croissance externe, en valeur comme en volume, pour le secteur de l’industrie en 2022, Bain constate une part croissante d’acquisitions motivées par des considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) de la part d’industriels désireux d’atteindre plus rapidement leurs objectifs socio-environnementaux au sens large. Même s’il reste difficile de quantifier l’activité des fusions-acquisitions en fonction des paramètres ESG, Bain estime que, dans le domaine de l’industrie, cette composante serait désormais présente dans une opération sur dix. L’étude de Bain présente deux grands types d’opérations à caractère ESG dans le secteur industriel. Premièrement, les entreprises rachètent des acteurs positionnés sur des métiers adjacents afin d’accéder rapidement à des segments de marché plus écologiques et plus porteurs. Deuxièmement, elles recherchent les cibles qui les aideront à augmenter leur production ou leurs capacités de fabrication dans le cadre de leurs propres objectifs ESG. Ces tendances devraient se poursuivre en 2023.
Les acquisitions (plutôt que la création) constituent le meilleur moyen de développer un deuxième moteur de croissance (dans un domaine adjacent)
En phase de turbulence, les dirigeants savent à quel point il importe de développer et d’accélérer la mise en place d’un deuxième moteur de croissance pour assurer l’avenir. Plutôt que de créer une nouvelle société ex nihilo, la nouvelle étude de Bain conforte l’argumentaire du rachat. Après avoir examiné des centaines d’activités constituant le deuxième moteur de croissance d’une entreprise au cours des 25 dernières années, Bain constate que les stratégies de montée de puissance des deux tiers de ces « deuxièmes moteurs » reposaient pour une large part sur une fusion-acquisition. Racheter une société s’avérait plus rapide, meilleur marché et plus efficace que rassembler en interne les capacités et les équipes nécessaires au projet.
« Les professionnels du M&A sont parfaitement au fait de la nature cyclique du marché des fusions-acquisitions. Dans une période de ralentissement qui affecte aussi bien le métier de base des acquéreurs que les cibles potentielles, nous avons toujours constaté que les entreprises qui ne suspendaient pas leurs projets de croissance externe en phase de récession, mais qui en profitaient au contraire pour saisir les opportunités de transformer leur industrie, étaient toujours les mieux positionnées au sortir de la crise », souligne Pierre de Raismes, Associé au sein du pôle de compétence Fusions, Acquisitions et Cession de Bain & Company.
Le rapport propose également un éclairage géographique, en examinant comment les fonds souverains utilisent les fusions-acquisitions pour transformer les économies du Moyen-Orient, ou comment la valeur des opérations s’est envolée de 139 % en Inde en 2022. Au Japon, le nombre d’entreprises engagées dans des opérations internationales de grande ampleur destinées à transformer leur portefeuille d’activités a diminué, tandis que les entreprises brésiliennes revoient leurs scénarios stratégiques à la lumière des conséquences possibles de la politique du nouveau gouvernement.
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